C’est l’un des freins pointés pour expliquer le retard pris en France sur le développement de l’énergie éolienne : les recours en justice quasi systématiques contre les projets de parcs éoliens. Mais est-ce à dire que les Français ont une dent contre l’éolien ? Pas si l’on en croit l’enquête publiée ce mercredi matin par l’institut de sondage Harris Interactive pour France Energie Eolienne (FEE), association des professionnels du secteur.
L’étude s’est intéressée à la perception de l’énergie éolienne des Français en sondant deux panels représentatifs de la société de personnes âgées de 18 ans et plus. Le premier pioché dans le grand public, et le deuxième dans les communes situées à moins de 5 km d’une éolienne.
Résultat : 76 % des Français ont une bonne image de l’éolien, un pourcentage qui grimpe à 91 % pour les 18-34 ans. « Surtout, on reste à 76 % de bonne image parmi les riverains », indique Nicolas Wolff, président de FEE.
En 2018 déjà, Harris Interactiveavait publié une étude similaire pour le compte de FEE. 73 % des Français disaient alors avoir une « bonne image » de l’éolien. En revanche, à l’époque, 80 % des proches de parcs éoliens se rangeaient à cet avis, quatre points de plus que dans l’étude publiée ce mercredi.
Le signe d’une moins grande acceptabilité de l’éolien aujourd’hui parmi les riverains ? « En deux ans, de nombreux parcs éoliens ont vu le jour sur le territoire, avec 3.000 mégawatts de puissance supplémentaire installée, reprend Nicolas Wolff. On s’attendait alors à ce que la part des opinions favorables baisse un peu parmi les riverains. Mais quatre points, ça reste une baisse peu significative. » France énergie éolienne préfère mettre en lumière les grandes tendances qui restent stables. « L’éolien garde une opinion favorable auprès de trois quarts des Français quand la part de ceux qui ont une opinion « très défavorable » reste autour de 6 % », résume Nicolas Wolff.
Reste à savoir quelle place doit jouer l’éolien dans la transition énergétique. 79 % des sondés disent que cette énergie doit y jouer un rôle important. C’est moins que le solaire (92 %), l’hydroélectricité (87 %), la géothermie (84%), mais plus que la biomasse (73 %) et que le nucléaire (58 %). Par ailleurs, si 76 % des Français ont donc une bonne image de l’éolien, ils ne sont « que » 68 % à voir l’installation d’une éolienne (ou d’un parc éolien) sur leur territoire comme une « bonne chose ».
Un chiffre stable par rapport à 2018, mais qui contraste avec la plus forte adhésion pour le solaire. 83 % des sondés disent en tout cas qu’ils verraient d’un bon œil l’installation d’un champ de panneaux solaires sur leur territoire**. C’est que le solaire a l’avantage de mieux se couler dans le paysage. Toujours selon l’étude de Harris Interactive, seul 41 % des Français [44 % des riverains] estiment que l’énergie éolienne a un impact minime sur le paysage.
Une difficulté pour la suite ? « Le consensus sur l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays », notait Emmanuel Macron à Pau, en janvier 2020, lors d’une table ronde sur le thème de l’écologie dans nos territoires. « De plus en plus de gens […] considèrent que leur paysage est dégradé », ajoutait-il. Pourtant, officiellement, le gouvernement mise sur un fort développement en France. Avec 8.000 éoliennes installées sur le territoire pour une puissance installée de 18.000 mégawatts, FEE aime à rappeler que l’éolien est la seule énergie renouvelable à être au rendez-vous des objectifs que lui avait fixé la précédente Programmation pluriannuelle de l’énergie*.
Mais la nouvelle PPE, adoptée l’an dernier, fixe la barre beaucoup plus haut en demandant à l’éolien d’atteindre les 38.000 mégawatts de puissance installée en 2028. Pour tenir ce rythme, « il faudra installer à peu près 1.850 mégawatts de puissances installées chaque année, ce qui représente à peu près l’installation de 600 nouvelles machines, calcule Nicolas Wolff. Nous n’y sommes pas arrivés l’an dernier, avec 417 éoliennes installées. »
La faute au Covid-19 ? Pas vraiment. « Le problème est bien plus celui du nombre trop faible d’autorisation de nouveaux projets que nous parvenons à obtenir », répond le président de FEE. 47 % du territoire français est aujourd’hui interdit à l’éolien. Il s’agit pour la plupart de terrains militaires et de zones couvertes par des radars qui peuvent être perturbés par les éoliennes. « Il y a tout un travail en ce moment avec le gouvernement pour assouplir ces normes et permettre un déploiement plus harmonisé des éoliennes sur le territoire [65 % du parc actuel est concentré dans les Hauts de France, la région Grand-Est et l’Occitanie] », indique Nicolas Wolff.
Cette conquête de nouveaux territoires et les forts objectifs fixés pour 2028 pourraient dégrader un peu plus encore ce consensus sur l’éolien. Pour lever l’obstacle du « paysage », France Energie éolienne dit pouvoir se reposer sur plusieurs atouts. A commencer par celui de l’emploi. « En 2020, l’éolien est devenu le premier employeur des énergies renouvelables en France avec plus de 20.200 emplois directs », indique Nicolas Wolff.
L’énergie éolienne commence aussi à peser dans le mix électrique français. Avec un peu plus de 8.000 éoliennes sur le territoire pour une puissance installée de 18.000 mégawatts, « elle dépasse désormais les 8 % de la production électrique française, assure Nicolas Wolff. Et la semaine dernière, particulièrement ventée, on est montée à 18 % du mix électrique français. »
Ce qui fait dire au président de FEE que les Français ont aujourd’hui conscience de l’efficacité de l’énergie éolienne. C’est d’ailleurs un autre point sondé par l’étude Harris Interactive : 67 % des Français estiment que l’éolien est une énergie efficace qui permet de produire une grande quantité d’énergie, et 76 % le voient comme une bonne alternative aux énergies fossiles et au nucléaire.
* Révisées tous les cinq ans, les PPE fixent les grandes orientations de la politique énergétique de la France pour les dix ans à venir.
** A noter que seulement 28 % des sondés verraient d’un œil favorable l’installation d’un site nucléaire sur leur territoire.
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